Epouvantail.

Tes cheveux couraient le long de ta nuque, encerclaient tes joues, s'accrochaient à tes lèvres. Moi, je ne rêvais que du jour où j'arriverais à être celle qui te délirait de ces filaments en les caressant tendrement du bout des doigts. Je pensais pouvoir libérer tes yeux et m'y plonger, me noyer, et sombrer dans ce profond coma bleu presque transparent. Dans ce flot coulait l'infini, abreuvant le néant que j'y déversais. J'étais paralysée et bientôt saisie d'ivresse. Ivre de toi, de ta voix, de chacun de tes gestes. J'hésitais à émerger ma main, je songeais même à sortir de l'eau, , mais c'était avant qu'elle n'apparaisse. Jour après jour je deviens un épouvantail à tes côtés et jour après jour je récolte de ton infini, la rosée. En silence je continue à vivre ce coma bleu. Presque transparent.